Avant le coup d’envoi aujourd’hui de la plus grande fête foraine de la Grande Région, nous avons suivi les derniers préparatifs dans l’un des restaurants les plus emblématiques de la foire.
Dans quelques heures, les odeurs de barbe à papa, de poisson frit et de gaufre viendront se mêler à l’agitation de la foule. Mais avant le grand lancement, il faut encore tout finaliser. Pour cette dernière matinée avant l’ouverture de la Schueberfouer, c’est l’effervescence sur le champ du Glacis. Tandis que les forains garnissent leurs stands de peluches, d’autres nettoient les machines à glace ou à churros. D’autres encore inspectent avec soin les attractions où bientôt les amateurs de sensations fortes viendront se défouler.
Pour les restaurateurs aussi, c’est le moment de tout fignoler. À la Friture Joslet, l’un des établissements de restauration emblématiques de la foire, le personnel s’active. Dans la salle de restaurant, on dresse et désinfecte le mobilier, on ajuste les verres au comptoir du bar. À l’arrière de l’établissement, le va-et-vient est continu. Les premières pommes de terre en provenance d’une ferme d’Audun-le-Tiche arrivent dans des palettes que les salariés viennent réceptionner. Elles partent ensuite dans une salle dédiée où elles seront transformées en frites.
Un peu plus loin, dans la cuisine, on commence à tout ordonner. C’est ici que seront confectionnés les plats, tous faits maison. «On fonctionne comme un vrai restaurant, mais sur roues. Nous sommes, en effet, sur des remorques d’au total huit camions», explique Cyrille Schneider, cogérant et associé du restaurant Friture Joslet. Une structure impressionnante qui a été installée en dix jours.
«Entre le montage et les dernières finitions, il nous faut trois semaines pour être prêts avant le début de la Schueberfouer», précise-t-il. À la veille du coup d’envoi, c’est aussi le moment du passage des contrôleurs. «Ils vérifient les évacuations, d’eau, de gaz, d’électricité, les extincteurs. Nous avons aussi les douanes qui inspectent les normes d’hygiène. Ils peuvent aussi revenir de manière aléatoire pendant la Schueberfouer. L’ITM (NDLR : l’Inspection du travail et des mines) vient également vérifier les contrats de travail», détaille Cyrille Schneider.
Le poisson frit, la star de la foire
À quelques heures du démarrage, le cogérant se dit à la fois excité et légèrement stressé. «C’est du bon stress», précise-t-il en souriant. Pour lui, ça sera surtout le grand saut. C’est, en effet, sa toute première Schueberfouer. «Je me suis associé avec les deux autres gérants, Marcello et Mick Loguercio, en mars dernier. C’est une nouvelle aventure pour moi», confie le responsable d’un restaurant à Bonnevoie. Une expérience qu’il ne pensait pas vivre un jour. «Je trouve cela intéressant de ramener l’univers de la restauration dans une foire. C’est un beau challenge», assure-t-il.
Avec cette nouvelle arrivée dans cet établissement qui existe depuis 1900, le restaurant souhaite mettre en avant la qualité de ses plats. «Ce n’est pas parce que nous sommes dans une foire qu’on ne peut pas bien manger. Ici, nous avons sept personnes qui travaillent en cuisine. Nous utilisons également des produits frais et locaux qui arrivent chaque matin dans nos locaux», insiste le restaurateur.
S’il a légèrement retravaillé la carte de l’établissement, les incontournables plats de la foire luxembourgeoise seront bien présents. «Nous avons gardé la recette traditionnelle du poisson frit des premiers fondateurs. Nous faisons la même cuisson, la même préparation de friture», explique Cyrille Schneider, qui n’a pas souhaité en dire plus sur cette recette secrète.
Mais il l’assure, c’est bien pour ce plat typique que les clients affluent depuis 124 ans. «C’est notre signature et la moitié de nos ventes. Nous en vendons en moyenne près de 180 par jour», souligne-t-il. Les poissons, toujours frais, arriveront justement tôt ce matin pour régaler les premiers clients de la Schueberfouer. «On est prêts, motivés et impatients de travailler», conclut tout sourire le cogérant de Friture Joslet.
Une histoire longue de 124 ans
Friture Joslet est présent depuis 124 ans à la Schueberfouer. Sur le site de l’établissement, il est décrit comme «l’un des plus anciens restaurants implantés dans le paysage forain luxembourgeois». Au début du XXe siècle, c’est une famille belge originaire d’Ans-Lez-Liège qui fonde le premier établissement. Il s’appelle alors Friture Vénitienne. En 1950, la famille Josselet prend les rênes du restaurant et le renomme en utilisant son patronyme. En 1964, nouveau changement de propriétaire. Roby Mertzig, de Junglinster, prend la tête du restaurant, et ce, pendant près de trente ans. Le restaurant change de nom et s’appelle désormais Friture moderne. En 1985, il redevient Friture Joslet. Suivront deux propriétaires jusqu’à l’année 2015, où l’établissement est racheté par la famille Loguercio.
«On est dépendants de la météo»
C’est le souhait de tous les forains de la Schueberfouer : une météo clémente. «On est dépendants du temps. Et cela joue sur la fréquentation. Mais je suis optimiste, car des températures estivales sont attendues la semaine prochaine», se réjouit Cyrille Schneider. Malgré la récente polémique sur les prix appliqués à la Schueberfouer, le restaurateur est certain que la clientèle sera au rendez-vous. «Ce sont des polémiques inutiles. On est au Luxembourg, il y a des salaires plus élevés, donc forcément les prix le sont aussi. En revanche, nous avons décidé de ne pas augmenter nos tarifs.» Pourtant, il l’assure, le coût des matières premières a bien augmenté en quelques années. «Certains produits ont pris 35 à 40 % de hausse, notamment l’huile et les pommes de terre.»